Witsel, Defour, Mangala et Carcela: le Standard a perdu cet été ses quatre meilleurs joueurs. Hier soir, la campagne des Rouches s'est clôturée à son image, sur un énième rebondissement, Tchité restant en bord de Meuse et Nemeth faisant faux bond au dernier moment. Si les supporters grincent des dents, tous ces mouvements ont toutefois un but: mettre un terme à l'ère D'Onofrio.
Le Standard vient de vivre les trois mois les plus mouvementés de ses dernières années. Le premier coup de tonnerre est tombé lors de l'arrivée de Roland Duchâtelet à la tête des Rouches. L'ancien président de Saint-Trond a immédiatement marqué son territoire, en nommant un staff sportif surprenant... mais aussi en se "débarrassant" des meilleurs joueurs de l'équipe.
Il n'a pas fallu longtemps pour que les supporters se révoltent. Ils reprochent à la nouvelle direction d'avoir dépouillé l'équipe. C'est en partie vrai.
"D'Onofrio n'a pas apprécié son départ"
Pour comprendre cet exode massif, il faut remettre les choses dans leur contexte. Une excellente enquête de Sport/Foot Magazine la semaine dernière avait mis en lumière le rôle de Lucien D'Onofrio dans le mercato liégeois. Il ne faut pas être devin pour comprendre qu'il est derrière les arrivées de Witsel, Defour et Mangala au Portugal. "Lucien n'a pas du tout apprécié la manière dont il a été forcé de partir", explique un proche du club. "S'il peut faire mal au Standard, il le fera."
Comme un gamin qui fait une mauvaise blague
"C'est évident que Luciano est derrière tous les deals. Je le connais parfaitement et quand je lui ai téléphoné récemment, il a rigolé comme un gamin qui vient de faire une mauvaise blague. Il a construit un réseau énorme au Portugal. Je sais qu'il est en relation constante avec Pinto da Costa, le président de Porto, et qu'il a ses entrées à Benfica, le Sporting Portugal et Braga", raconte un ex-international portugais qui a joué au Standard et qui est aujourd'hui agent de joueurs.
Silence-radio
Ce qui interpelle, c'est le silence radio autour de D'Onofrio dans ces transferts. Personne ne souffle son nom, tout le monde dément qu'il ait eu une implication dans les transactions alors que... tout le monde sait qu'il a joué un rôle-clé dans les différents dossiers. D'après Foot/Mag, D'Onofrio doit en effet rester très discret car toute commission perçue lors des transferts risque d'être saisie, alors que le dossier pénal suite à son inculpation pour blanchiment d'argent et faux et usage de faux est bientôt bouclé. Il y a une autre raison. D'Onofrio, considéré comme un Dieu vivant à Sclessin, ne veut pas écorner son image auprès des supporters.
Il fait tourner la tête aux joueurs
Le cas d'Eliaquim Mangala, qui a préféré Porto à Valence alors que tout était réglé avec le club espagnol, illustre parfaitement la politique de déstabilisation de D'Onofrio. "Il peut faire et défaire une carrière", explique un agent. "Il a sans doute dû dire à Mangalas: "Si tu vas à Porto maintenant, dans deux ans, je te place à la Juventus. Si tu vas à Valence, tu te démerderas pour t'en sortir tout seul."
L'ancien patron sportif du club a également fait tourner la tête à Carcela, Bolat et Benteke. Et dès qu'un joueur intéressait le Standard, il l'appelait en personne pour le dissuader de signer à Liège!
Exit D'Ono
Bref, le Standard a vu qu'il était "saboté" par D'Onofro. Logiquement, les Rouches ont donc voulu supprimer tous les liens que le club pouvait encore avoir avec lui. "Quand il y a un changement de pouvoir, on a souvent tendance à supprimer tout ce qui touchait à l'ancien régime", confie un proche du club.
"Nous sommes compétitifs"
Tout cela a un prix. Sportivement, les Rouches repartent de zéro. Jean-François de Sart a dû travailler dans l'urgence pour constituer une équipe compétitive. Malgré les millions amassés, le club ne pouvait pas acheter tout et n'importe quoi. Aujourd'hui, personne ne sait dire ce que valent les recrues. On devrait être rapidement fixé. D'après le nouveau directeur sportif, la tendance incite à l'optimisme. "Vu l'incertitude qui planait autour des transferts après la reprise du club, il aurait été trop présomptueux de dire que nous allions jouer le titre. Aujourd'hui, après avoir mené une bonne campagne de transferts, nous sommes armés et compétitifs. Les objectifs du club ne vont pas être revus à la baisse, bien au contraire", a confié de Sart à la DH. Qui vivra verra.
02.09.11 16:57
