Un sondage révèle que 58 % des Belges ont cette perception des choses
BRUXELLES S’oriente-t-on vers une recrudescence des idéologies d’inspiration nazie en Europe ? Quelque 57 % des Belges le pensent ! En cause : le contexte économique et politique du Vieux Continent. C’est ce qui ressort d’une étude menée par Dedicated Research auprès de 1.000 Belges – et publiée aujourd’hui dans Paris Match.
“Ce chiffre est compréhensible”, commente Alain Colignon, historien au Ceges (Centre d’études et de documentation guerre et sociétés contemporaines). “L’Europe est traversée par une crise globale. Or, dans la mémoire collective, il y a une sorte de culture historique qui fait qu’on a entendu dire que c’est par la crise que le fascisme et le nazisme ont réussi une percée essentielle, jusqu’à se hisser au pouvoir. Il y a un amalgame entre les époques et les sociétés.”
La tendance est toutefois moins marquée si on s’en tient à la seule Belgique. 49 % des sondés estiment que le contexte politique de notre pays est propice au développement de l’idéologie nazie. “En Belgique, les personnes ont le nez sur l’objectif. Elles se rendent bien compte que la menace est moins directe. Les résultats seraient sans doute très différents si on menait la même enquête en Hongrie qui connaît un véritable populisme d’extrême droite.”
“Ceci dit, notre pays connaît aussi ce type de populisme. Surtout en Flandre”, poursuit M. Colignon. “Il se fonde sur des frustrations nationalistes et s’identifie en stigmatisant une autre société, une autre communauté. Laquelle devient alors le bouc émissaire. Enfin, il prétend trouver des solutions qui sont hors du cadre légal.”
Cette dernière précision a son importance. Selon l’historien, le Vlaams Belang est donc bien un parti d’extrême droite, contrairement à la N-VA. “Pas encore en tout cas… Il faudra voir comment elle mène son travail d’opposition fondé sur le rejet des francophones et des Wallons en particulier.”
Il est notable à ce propos que 58 % des personnes interrogées dans le sondage estiment que le nazisme correspond à l’idée de nationalisme… Avec une différence nette entre les Communautés. 65 % des francophones sont d’accord avec cette affirmation, contre 50 % des néerlandophones. “Le nationalisme a une tendance naturelle à la xénophobie. Mais elle ne l’atteint pas forcément. C’est le cas de la N-VA, mais elle peut évoluer en ce sens.”
La meilleure façon de déjouer les pièges de l’extrême droite et de la comprendre est de “s’informer en gardant un regard critique”, conclut Alain Colignon. “C’est avant tout le rôle de l’école.”
13.10.11 19:25
