Ces femmes qui ont du pouvoir et de l’argent
Margarita Louis-Dreyfus a des milliards devant elle mais aussi des principes
Elle tient dans sa main les clés de l’avenir du Standard. Margarita Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire avec 89 % des parts, aura le dernier mot. Les supporters rouches doivent-ils s’en inquiéter ? C’est vrai, MLD n’y connaît pas grand-chose en football. Elle est une femme d’af- faires bien plus qu’une femme de sports. Mais elle n’est pas non plus du genre à vendre les yeux fermés. Car son passé lui a appris que l’argent n’est pas tout.
Depuis le décès de Robert Louis-Dreyfus, Margarita est un personnage public en vue. Ayant repris les affaires et le groupe de son mari, elle est devenue la propriétaire de l’OM. Face à cet intérêt médiatique croissant, la tsarine s’est contentée de rester discrète et de poursuivre le business.
Les affaires, c’est son truc. Orpheline à l’âge de sept ans suite à un accident de train, elle a été élevée par son grand-père, un ingénieur. Il l’a poussée à oublier son rêve – devenir avocate – pour faires des études d’économie. “Car ça gagne plus”, lui avait-il dit...
Il avait prédit le pactole. Margarita Bogdanova était douée pour le commerce. En 1989, elle quitte Saint-Pétersbourg pour Zurich, où elle est engagée par une société d’import-export.
C’est en s’envolant pour ses premières vacances que sa vie prendra son plus grand tournant : perdue à cause du décalage horaire, elle se renseigne auprès d’un passager, qui n’est autre que Robert Louis-Dreyfus. Celui-ci poursuit la conversation en lui montrant des photos de son... chien. Margarita ne lâchera plus jamais l’os et il ne fallut que quelques semaines pour que les tourtereaux se marient.
Pendant 17 ans, la tsarine resta dans l’ombre de son mari. Elle lui donna trois fils avant de lui offrir un autre cadeau inestimable : deux ans de vie. En 2007, un virus aggrava la leucémie de l’homme d’affaires. Les médecins avaient conseillé à Margarita de le laisser partir. Elle avait refusé, avait lu tout ce qu’il était possible de lire sur le sujet et avait pris ses propres décisions. Louis-Dreyfus eut 24 mois de sursis.
De quoi lui laisser le temps de préparer sa succession, même si elle détestait parler de l’après-Robert. Le 4 juillet 2009, Margarita et ses fils perdirent un être cher et devinrent les actionnaires majoritaires du groupe Louis-Dreyfus, qui réalise des dizaines de milliards de chiffres d’affaire chaque année.
La veuve roulait sur l’or. Tout le monde prédisait qu’elle vendrait l’OM, dont elle n’avait pas besoin. Mais elle ne l’a pas fait. “Par obligation morale pour mon mari et pour mes enfants”, a-t-elle toujours répété.
La grande blonde s’est prise au jeu. Elle s’est rendue aux matches de plus en plus souvent et n’a pas hésité à injecter plusieurs dizaines de millions d’euros dans le club phocéen. Elle n’a jamais eu peur de prendre des décisions tranchantes, quitte à déplaire. Comme quand elle débarqua Jean-Claude Dassier pour nommer Vincent Labrune, ex-homme de confiance de RLD, au poste de président (officiel) de l’OM.
La tsarine sait ce qu’elle veut et où elle va. Elle a appris à aimer Marseille, mais le Standard n’entrait pas dans ses plans. Heureusement, elle tient plus que tout à la mémoire de son mari, qu’elle refuse de trahir. Robert Louis-Dreyfus et Lucien D’Onofrio avaient un accord verbal : en cas de revente du Standard, il faudrait trouver un repreneur aux reins solides, avec un vrai projet sportif. Margarita veut toujours tenir cette promesse.
Elle a une vision bien à elle du milieu des affaires : “Si pour gagner quinze je dois écraser quelqu’un, je préfère prendre dix. J’ai sans doute tort, dans un monde dominé par l’avidité, mais je ne changerai pas.”
Margarita est une femme de valeurs. Tant mieux pour le Standard.
22.06.11 17:59
