Sur un parcours plat, Philippe Gilbert peut-il triompher des sprinters et devenir aussi champion du monde ?
COPENHAGEN Le tracé du mondial 2011 offre une chance unique aux purs sprinters de décrocher la timbale et de rejoindre Mario Cipollini, le dernier d’entre eux à avoir pris place dans la galerie des champions du monde. Le hic, pour Cavendish et ses pairs, Goss, Farrar, Greipel ou Kittel, par exemple, c’est que la ligne d’arrivée est tracée au sommet d’une montée (6 %) de cinq cents mètres, plus pentus encore que ceux qui, l’an passé, avaient permis à Hushovd de revêtir le maillot arc-en-ciel.
Le Norvégien, pour qui la bosse finale est un atout comme elle l’est pour son compatriote Boasson Hagen et plus encore pour ce diable de Sagan, est candidat au doublé alors que Freire court derrière un quatrième sacre qui en ferait le recordman absolu. Mais, contrairement à ce qui est généralement le cas au Mondial où les parcours sont souvent sélectifs, cinquante coureurs, au moins, pensent cette fois qu’ils peuvent gagner, en étant “dans un bon jour” , ou avec “un peu de chance” .
Degenkolb, Bole, Duque, Haedo, Henderson, Galimzyanov, Eisel, Rojas, Viviani, Feillu, Modolo, pour parler de quelques types rapides, mais aussi des baroudeurs, du style de Voeckler, Chavanel, Boom, Hoogerland, Offredo, Flecha ou Cancellara, se verraient bien l’an prochain sillonner les routes du monde entier avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules.
Ils n’ont pas tort de croire en leur étoile, évidemment, le déroulement et l’épilogue des deux courses d’hier l’ont confirmé. Et le fait que les trois prochains Mondiaux se disputeront sur des tracés au minimum très vallonnés, à Valkenburg, l’année prochaine, puis à Florence, dans deux ans, et, ensuite à Ponferrada, en Castille et Leon, en 2013, va augmenter d’autant la motivation de tous ceux qui savent devoir saisir cette chance unique qui s’offre à eux.
Cela risque de provoquer des situations étonnantes, voire cocasses, d’autant que la formule, unique, des équipes nationales altère aussi totalement la donne habituelle. Sans parler du fait que de nombreux transferts pour la saison prochaine ont déjà modifié en filigrane la photographie du peloton.
Philippe Gilbert reste malgré tout pour beaucoup l’homme à battre même si le Wallon se défend d’être le grandissime favori. “Je suis bien et confiant, j’ai récupéré du Canada , dit le champion de Belgique. Mais, échapper à un sprint, plus ou moins massif me semble impossible. C’est déjà difficile quand vous êtes le principal favori, mais, sur un tel parcours, ce l’est encore plus. Il n’y a aucun endroit, sur ce circuit, où je peux réussir le K.-O. parfait. Les candidats à la victoire sont nombreux, vingt, trente au moins, peut-être cinquante.”
Le Wallon se compte bien sûr dans le lot. “J’ai ma chance, comme beaucoup , assure-t-il. Même sur ce circuit facile, la sélection naturelle va s’opérer avec la distance et l’intensité de la course. Elle va être très rapide. Je vois une vingtaine de coureurs arriver ensemble et, alors, j’ai déjà prouvé que je suis l’un des plus rapides. Au Tour, seul Cavendish par exemple m’a devancé à Cap Fréhel. Mais il faut rendre la course la plus dure possible, dès le départ, avec le concours d’autres équipes qui veulent aussi échapper à un sprint massif.”
Gilbert en a tellement fait cette saison, et parfois là où personne ne l’attendait, qu’il est malgré tout désigné comme un des principaux favoris, même si le tracé ne joue pas dans ses cordes. “Le tracé est parfois étroit et sinueux , poursuit le numéro 1 mondial. Il va falloir être attentif, courir devant. Dès la première partie qui va du centre de Copenhague au circuit. Il faudra éviter les chutes, ne pas s’exposer à devoir produire des efforts intempestifs. Tout risque de se payer, le timing va être hyper important. Pendant la course et, aussi dans la finale. Celui qui lancera le sprint de trop loin risque d’exploser et d’être battu.”
Le Liégeois sait aussi qu’il peut compter sur son équipe, mais il est prêt à jouer la carte d’un partenaire. “Nous n’avons pas de sprinter, c’est un désavantage, mais on doit courir en équipe , dit-il. Se parler, voir qui est bien. Nuyens, Leukemans, Van Avermaet peuvent créer la surprise, celui qui est bien peut devenir champion du monde.”